Ce
matin, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des
évêques de France, a déclaré sur France
Info que
"le
secret de la confession est plus fort que les lois de la République".
Et là, personne ne dit rien. Motus et bouche cousue.
Quand
Mgr Aubry, apparemment fier de lui, révèle sur Linfo.re :
"Une
fois j’ai été amené à venir au tribunal et on m’a posé la
question : est-ce que cette personne s’est confessée avec
vous ? J’ai gardé le silence. Évidemment, c’est un secret
professionnel d’une importance particulière. On pourrait me mettre un
couteau sous la gorge, que je ne parlerais pas. Et pour les prêtres,
c’est pareil. Le secret de la confession est absolu". Personne
ne s’offusque.
L'article
434-3 du code pénal indique pourtant que "le
fait, pour quiconque ayant connaissance (...) d'agressions ou atteintes
sexuelles infligées à un mineur de ne pas en informer les
autorités judiciaires ou administratives ou de continuer à ne pas
informer ces autorités tant que ces infractions n'ont pas cessé est
puni de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros
d'amende".
Fermons le ban !
Mon
bon Pierrot, tu as arraché la crosse de ton diable d'évêque pour lui
donner de terribles coups de crosse aux tibias, avec
l'ardeur
d'un franc-maçon qui, pantagruéliquement, bouffe du curé. Tu
voudrais bien le punir de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 euros
d'amende parce qu'il aurait confessé, d'après toi, des prêtres
pédophiles. Grande est ta miséricorde ! A mon simple avis, il n'a
confesssé aucun d'eux : penses-tu un instant qu'un violeur ou un voleur
vienne se confesser et vider tout son sac de péchés. A mon avis, non; à
la rigueur, ce ne peut être qu'une confession partielle; le
voleur, par exemple, ne veut pas
s'entendre dire qu'il faut restituer la totalité du vol à son
propriétaire. Et quand on vide à moitié son sac, on est absous ... en
rien. Personnellement, je ne mets pas les pieds
dans
un confessionnal : ma confession s'apparente à celle de
Saint-Augustin, qui s'est confessé dans son bel ouvrage "les
Confessions". Oui, ma confession est la
confession avec sa
double signification. Je te
recommande la lecture de cet ouvrage. Tu vas vite quitter la paroisse
des francs-maçons.
Le
procureur de la République, à Saint-Denis, a dû lire ta prose, mais il
n'a pas réagi car il a opté pour le simple bon
sens. Un procureur n'a pas toujours les yeux rivés sur le dernier
Dalloz, il sait frapper à la porte du bon sens, suivre la légimité, la
loi du bon peuple. A
propos, Bernard Kouchner, médecin, n'a pas porté
devant la justice la pédophilie du beau-père de son fils. Il s'est
contenté de soutenir, de son mieux comme son entourage, son
fils
outragé. N'est-ce pas l'essentiel ? N'est-ce pas la simple loi
du bon sens
? Aucun magistrat n'a appliqué
à son encontre l'article 434-3, qui, apparemment, reste lettre morte
dans toutes les juridictions. Par la suite, la sœur de la victime a
porté l'affaire devant la justice, mais le parquet de Paris a procédé
au classement sans suite de la procédure, en raison de la prescription
de l'action publique. Le pédophile n'a versé aucune indemnité à la
victime et garde ses belles décorations : oui, mon bon
Pierrot, le
pédophile a sauvé son honneur
... en toute légalité !
Tu es en adoration devant les lois de la République, des paroles
d'évangile à tes yeux !
Dieu merci, loin de moi cette puérile adoration. Tu es excusable :
tu as en poche une licence de droit
: le légal, c'est ton crédo; le légitime reste chez toi dans l'ombre. J'ai fait
un autre choix, une licence de lettres classiques. J'ai étudié le grec de Platon, de Démosthène, le latin de
Cicéron, de César et de Sénèque. Que de belles lectures ! Et le siècle
des Lumières m'a bien, fort bien éclairé. A propos, tu te souviens, le
bon écrivain,
Emile Zola, a défendu le juif
Dreyfus qu'on allait déporter. En vain ! On l'a condamné à vie au bagne. C'était à une époque où presque
toute la France détestait les Juifs. Bien plus tard, en 1906, une cour de cassation a remis
l'affaire sur le tapis et a blanchi Dreyfus.
Oui,
je le confesse, Dieu ou Allah est au-dessus
des lois de la République. Le gouvernement du Dieu des Chrétiens repose
sur trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Jamais l'Un
ne contredit l'Autre, jamais, au grand jamais. C'est un gouvernement très harmonieux. Alleluia !
Je ne crains
pas Son dernier jugement : je compte beaucoup sur Sa miséricorde. Mais
ici-bas,
dans notre pauvre République, c'est le grand désordre, un vrai
capharnaüm : députés et
sénateurs, nos faiseurs de lois, se battent comme de
vilains chiffonniers : on
tisse et on détisse, dirait Pénélope. C"est souvent tard la nuit que
les lois passent laborieusement à une heure où il y a encore
quelques rares insomniaques. Il y a peu, on a voté les lois sur la
bioéthique. Voilà, cocorico, une lesbienne pourra avoir un enfant sans
papa déclaré; et rien d'impossible qu'il naisse le jour de Noël,
histoire de concurrencer un certain Jésus de Nazareth. Je reste pantois
: dame
Nature est en grande souffrance : un enfant sans papa reconnu, entre
les
mains de deux mamans, mais aucune trace de papa ! Horribile
scriptu ! Rien d'impossible non
plus que cet enfant quasi orphelin dès sa naissance rencontre dans la
cour de l'école, un autre sans
père
déclaré, celui qui a été conçu à la sauvette : le forfait
accompli, le futur papa en devenir a remonté sa braguette et a jugé bon de se sauver incognito sans
laisser d'adresse.
Bref
! mon bon Pierrot, je te laisse brandir ton adorable article 434-3 qui
te tient à cœur, je te laisse encenser les lois de la République. Quant
à moi, je brandis volontiers le sabre et le goupilllon. Mais
sois sans crainte : ton diable d'évêque dort
tranquillement la nuit. Un beau signe de sa tranquillité : il ne
t'a pas
demandé un droit de réponse. Et, sans rancune, paisiblement,
miséricordieusement, avec l'aide de
mon bon César, il te murmure à l'oreille : "Tu
quoque, mi fili".
Gérard Jeanneau
Gières, le 18 octobre 2021
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