Monsieur le Président du Sénat, Vous avez été élu dans votre tout petit canton pour veiller au destin de votre Département. Peu vous connaissaient alors; vous étiez vétérinaire dans le privé. Et par la suite, chemin faisant, grâce à de grands électeurs - les conseillers départementaux - vous avez piloté le Département. Et encore un autre saut, toujours grâce aux grands électeurs, par cette merveilleuse brèche, vous voilà sénateur, puis Président du Sénat. Oui, vous voilà donc, tout subitement et sans encombre, le deuxième personnage de notre pauvre Réublique. Sans avoir eu à affronter le suffrage universel; à vrai dire, vous avez affronté un suffrage très restreint, celui de votre tout petit canton. Bref, démoncratiquement et non démocratiquent. Que de soins a apportés le législateur en votre faveur ! Les grands électeurs font des merveilles : ils votent presque tous. C'est merveilleux à voir. Vous avez comme gagné le gros lot sans l'aval des petis électeurs du Département. En réalité nous avons une République à deux étages pilotés l'un par les grands électeurs qui votent presque tous et l'autre par les petits électeurs, une racaille qui traîne les pieds et préfère souvent aller taquiner le gardon le jour des élections. Du reste, elle ne fait que rendre la monnaie au législateur qui a arrangé le code électoral en faisant les yeux doux au candidat, futur élu, lequel n'a qu'à parcourir sa petite circonscription pour le candidat à la députation ou son tout petit canton pour le futur conseiller départemental. Pourtant, grâce aux média virtuels ou non - nous ne sommes plus au temps de la diligence - nous connaissons bien tous les candidats du Département. Alors pourquoi nous refuser de choisir les députés de notre Département et les conseillers départementaux ? Et dire que pour les Régionales, nous élisons tous les conseillers régionaux, mais pour les Départementales nous n'élisons qu'un seul dans son petit canton où il se trouve. Il y a un code électoral arrangé comme l'est le rhum arrangé. Nous, pauvres petits électeurs, nous ne sommes que des vaches à lait destinées à alimenter quelquefois la machine électorale. Tel est le mépris du législateur à l'égard des petits électeurs. D'où le peu d'affluence vers les bureaux de vote. Personnellement, je ne me déplacerai pas pour ces deux élections actuellement tronquées. La loi électorale peut se corriger et vitement ! J'attends. Autre problème ! En tant que deuxième personnage de l'Etat, vous avez pesez de tout votre poids pour inciter le gouvernement à organiser le premier tour des Municipales malgré le virus covid-19. Dans votre for intérieur, votre raisonnement repose sur un syllogisme scabreux : Malgré ce virus on peut voyager librement dans les transports tram et train (le stade 3 n'est pas déclaré), or on doit pouvoir se déplacer de même pour aller voter, donc il faut organiser le premier tour des Municipales. Raisonnement rigoureux apparemment, en réalité horriblement scabreux. Vous oubliez de dire que la plupart des voyageurs des transports publics se déplacent alors surtout pour aller soigner, personnel soignant et employés des hôpitaux. Et le premier tour des Municipales a eu lieu selon votre voeu. Vous pensiez bien sûr aux nouveaux grands électeurs sortis des urnes; et vous envisagez les sénatoriales prochaines avec son nouveau lot de grands électeurs, car eux seuls votent pour l'occasion, pas les petits. Bref, vétérinaire, vous soignez à merveille les Institutions, celles qui vous concernent au premier chef ! A merveille, c'est trop vite dit. Patrick, le frère de mon ami réunionnais, Jean-Sylvain Sinaud, a été membre d'un bureau de vote dans le nord de la France pour ce premier tour des Municipales et il est décédé du coronavirus une ou deux semaines plus tard. Un maire, tout juste élu à ce même premier tour, est mort lui aussi pour la même raison. Et qui d'autres encore ? Les média savent se taire pour ne pas vous peiner. Mais ma franchise de fils de paysan fermier m'invite à tout dire sans circonlocution. Continuez à prendre soin ... de vos sacro-saintes Institutions que je trouve, pour ma part, claudicantes ! Démoncratiquement vôtre. Gérard Jeanneau Gières, le 23 août 2020 Larcher pyromane Maintien du premier tour. |