Vingt-deux
Vingt-deux! Voilà
ce qu'il ne faut pas dire quand passent les gendarmes! Et c'est
pourtant ce qui est arrivé une fois dans mon enfance.
J'étais en colonie de vacances, à Brétignolles-sur-mer, deux
ou trois ans après la guerre 39-45. J'ignore si les embruns
avaient enivré un de mes camarades. En tout cas,
au milieu des rangs, il ose crier "vingt-deux" quand passe la
maréchaussée. Ni une ni deux, celle-ci s'arrête et interpelle
le délinquant. Interviennent les moniteurs pour demander au petit
malotru de présenter ses excuses; ils se perdent eux-mêmes en
excuses sans pour autant manier celle du traumatisme d'une enfance
bercée par la guerre et passée en zone occupée. L'affaire à peine
débutée fut close aussitôt! Et mon camarade a été par la
suite d'une politesse la plus raffinée du monde!
Les temps changent,
l'éducation aussi! Tout récemment, un jeune adulte, encore bien
enraciné dans son enfance dorée, ose donner des ordres à la
police, de passage en voiture devant la mosquée de saint-Denis, et
lui reprocher de frôler la foule! C'est d'un toupet, d'une
arrogance sans nom! Et c'est bien suffisant pour que les policiers
réagissent et demandent à l'insolent sa carte d'identité. Refus
d'obtempérer. Et voilà que l'entourage du jeune homme s'en prend à la
police. On aggrave la situation! C'est la bousculade! C'est la hargne!
On empêche la police de demander des comptes à ce jeune, fils de
notables! On est au bord de l'émeute! De moutons on devient facilement
des lions quand la sensibilité est à fleur de peau et que la
raison s'échappe sous l'effet de la colère; même dans ce cas, on a beau
prier le Dieu que l'on veut, l'homme devient un loup pour l'homme!
Chassez le naturel, il revient au galop, même à la sortie d'un
lieu de culte!
Il m'est arrivé de me
promener dans la rue Maréchal-Leclerc à Saint-Denis; j'y ai
rencontré la police dans sa voiture silencieuse; elle frôlait
parfois les gens quand la foule était dense. Personne n'a eu
l'idée saugrenue de susurrer à l'oreille du conducteur de faire
attention à la foule ... pour la simple raison qu'on roulait au pas!
Personne ne s'est senti agressé! Tout le monde continuait son chemin,
l'air indifférent! Rigoureusement rien à craindre!
Grand Dieu! il faut
soigner sérieusement cette sensibilité à fleur de peau, cause de ce
scandale! Pour si peu, on perd vraiment la tête! C'est tristement
comique! Cette fois, ce n'est pas sur la justice qu'on invite à
marcher, c'est sur la police! Pauvres de nous!
Gérard Jeanneau
La Possession, le 16 août 2010
Voir les articles suivants :
Incident aux abords de la mosquée
Nassimah Dindar indignée (Présidente du département et mère du jeune homme qui a eu maille à partir avec la police)
Incident devant la mosquée
Le jeune homme passera en correctionnelle